Aujourd’hui, le streaming représente à lui seul plus de 80% des revenus de l’industrie musicale et a généré une révolution : contrairement au CD. Sapés comme jamais, Les Sunlights des Tropiques, Alors on Danse, les Démons de Minuit, Nuit de Folie, All I Want For Christmas Is You, … sont autant de titres que l’on retrouve dans les playlists de fin d’année : viviers à « plaisirs coupables » pour certains ou célébrations du patrimoine musical pour d’autres, une chose est sûre, les grands classiques perdurent et ce, même à l’ère du streaming.
Contrairement au CD, les créatrices et les créateurs ont maintenant accès aux données d’écoute, une façon de mieux connaître les comportements de leurs fans et de leurs auditeurs. Ces données permettent aussi de montrer que les grands classiques font toujours partie des titres-phares de fin d’année. Les passer au crible permet de revisiter une poignée de succès intemporels qui ont réussi sans difficulté le passage des supports physiques à la musique dématérialisée…
All I Want for Christmas
Aux Etats-Unis, on ne touche pas aux classiques de Noël : de Frank Sinatra à Mariah Carey et Justin Bieber, la tradition est bel et bien ancrée. Si l’album physique de Noël le plus vendu reste le troisième enregistrement studio du King, Elvis’ Christmas Album, publié en 1957 (plus de 20 millions d’exemplaires écoulés), le nom du King ne se retrouve plus systématiquement dans les dix premiers communiqués ces dernières années par Spotify et Deezer. En revanche, à l’heure du streaming, la “Queen” Mariah Carey paraît quasi indétrônable. En tête de pratiquement tous les classements français, ou internationaux (le plus souvent devant Last Christmas de Wham), son single de 1994 All I Want For Christmas Is You, extrait de l’album Merry Christmas, dépasse désormais les 1,2 milliards de streams sur Spotify ! Et on voit mal comment il pourrait céder sa place de sitôt, malgré les incursions de pop stars comme Ariana Grande ou Ed Sheeran en duo avec Elton John. Surtout que la diva de 52 ans s’affiche désormais aux côtés des stars préférées de la génération Z, comme Justin Bieber en 2011 pour une version « super festive » de son hit et, plus récemment, avec Millie Bobby Brown, la star de la série Stranger Things, avec qui un projet musical commun serait en préparation.
Côté français, Tino Rossi et son légendaire Petit Papa Noël ne sont pas descendus du ciel depuis 1946. Créé en pleine Seconde Guerre mondiale, et indissociable d’un inconscient collectif lié à l’occupation, cet immense succès intergénérationnel souvent repris mais jamais égalé, est vite devenu “un hymne à l’enfance” et l’un des rares chants de Noël sans référence divine.
Relire la genèse de Petit Papa Noël sur la chronique dédiée du Musée Sacem.
Au nouvel an, les années 80 et 90 résistent et prouvent qu’elles existent
Autre temps, autres mœurs, autre ambiance : le soir du 31 décembre 2021, les Français ont été très nombreux à se souhaiter “bonne année” sur La Kiffance, du rappeur marseillais Naps. Cette année-là, ce titre a même été le plus streamé sur Deezer entre 23h55 et 0h15.
Si les musiques urbaines occupent le trio de tête du dernier podium en date, certains incontournables des dancefloors des années 80 et 90 s’y invitent aussi joyeusement. A l’image de J’t’emmène au vent, premier extrait de l’album éponyme de Louise Attaque sorti en 1997. “Quand les gens ne nous connaissaient pas, J’t’emmène au vent nous a sauvé la vie lorsqu’on débutait dans les bars”, nous confiait Gaëtan Roussel en 2016 dans les pages du Mag Sacem 97. Avec ses trois minutes chrono, son rythme de chanson à boire à 136 BPM (beats per minute), sa signature rythmique simple en 4/4, et son refrain à reprendre en cœur parlant “d’amour éternel, artificiel”, le morceau est parfait pour sauver votre nouvel an.
Autre rock issu de la même décennie, côté variété cette fois : J’irai où tu iras, duo Céline Dion / Jean-Jacques Goldman, composé et écrit pour la Québecoise par le second, pour son album D’Eux, sorti en 1995. Titre à la joie contagieuse, la chanson s’offre comme une invitation à suivre un “partenaire particulier” jusqu’au bout du monde. Partenaire Particulier, c’est aussi le nom du groupe français new wave synth pop et de leur titre phare, troisième au top 50 en 1986, qui trustait encore et toujours les premières places des tops streaming l’année dernière. Difficile d’y voir le signe d’un retour aux années 80 - vogue pourtant bien réelle - tant cette chanson, quelque part entre Etienne Daho et Indochine, a toujours animé les soirées plus ou moins folles. Un succès s’accompagne souvent d’une parodie et cette chanson n’a pas échappé à la règle puisque le trio comique, Les Inconnus, a relevé le défi avec le sketch Isabelle A Les Yeux Bleus, en 1990.
Nostalgie ravivée pendant les fêtes ? Hasard du mode aléatoire de nos plateformes ? Ou encore passion abyssale ? Les grands classiques sont un certain nombre à être entrés dans le sillage du virage technologique en étant devenus des incontournables de nos playlists de fin d’année.
Pour connaître les dernières tendances spécifiques de cette période, il faudra patienter jusque début janvier 2023. En attendant, Spotify a donné un premier indice en dévoilant, le 30 novembre, son top de l’année 2022 en France dominé par les musiques urbaines. Pour le reste, on peut toujours suivre les guides numériques tel Apple Music qui diffuse ses propres playlists “Les indispensables de Noël” et “Réveillon 2023”. Ou encore chercher l’inspiration du côté des tops 2021 Deezer et Spotify des titres les plus streamés à Noël et à la Saint-Sylvestre.
Publié le 09 décembre 2022