Lieux de partage, de convivialité, les bistrots sont aussi, bien souvent, l’endroit des premières scènes pour grand nombre de musiciens. Symbole de l’art de vivre à la française, ils sont un maillon essentiel du paysage culturel hexagonal.
Alors qu’il y avait 400 000 bistrots en 1945, 200 000 en 1960 puis 92 000 en 1987, ils ne sont maintenant plus que 40 000 sur le territoire français. C’est cet héritage précieux, mais en péril, qu’Alain Fontaine défend au quotidien en tant que patron (depuis 2003) du restaurant parisien Le Mesturet et comme président de l'Association française des maîtres restaurateurs.
La veille de notre rencontre, il était d’ailleurs à la cérémonie nationale d’inclusion à l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel. À cette occasion, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a célébré l’entrée au patrimoine culturel immatériel « des pratiques sociales et culturelles dans les bistrots et cafés en France ». Une première victoire pour cet ardent défenseur de la commensalité, et une étape importante sur la route menant à un classement de nos bistrots par l'Unesco.
Il faut dire que pour lui, le lien est tout trouvé des ors de la République à ces comptoirs où l’on mange et l’on partage : « La devise de l'État français qu'on retrouve sur les frontons de la République, liberté, égalité, fraternité, c’est le fil conducteur des bistrots. »
Si les bistrots et les cafés ont réussi à traverser les siècles, c’est parce qu’ils sont un espace transgénérationnel, servant même pour certains de pièce supplémentaire. « Ce sont des endroits où il y a une sorte de mixité sociale aussi, qui est très importante. C’est un lieu qui appartient à l'ADN des Français. On a tous des souvenirs dans un café et un bistrot. Que cela soit une histoire d'amitié, d'amour ou des souvenirs d'étudiants. »
Des films de Claude Sautet à la blanquette de veau de Jean Dujardin dans OSS 117 : Le Caire, nid d’espions, en passant par Le Bistrot de Brassens, Mon bistrot préféré de Renaud (musique de Jean-Pierre Bucolo) ou Couleur menthe à l’eau d’Eddy Mitchell (musique de Pierre Papadiamandis, paroles de Claude Moine), les bistrots, en plus d’être un lieu d’inspiration et de diffusion, constituent aussi le décor de nombreuses œuvres musicales, cinématographiques et littéraires. Ils occupent ainsi une place particulière dans notre imaginaire collectif et dans l’image renvoyée par la France à l’international.
D’ailleurs, pas de doute pour Alain Fontaine : « Jamais des étrangers qui viennent en France ne rencontreront tout le peuple de France au Louvre, à la Tour Eiffel ou à la Bonne Mère. Il faut, pour rencontrer ce peuple de France, se rendre aussi dans les bistros et les cafés. »
On y mange, on y boit, et souvent on y écoute de la musique. Les bistrots sont en effet pour beaucoup d’artistes « leur première occasion d’un contact avec un public… » Un public pas très difficile mais particulièrement indiscipliné, qui permet aux jeunes talents d’affirmer leur style et leur caractère sur scène. Une façon de dire que si les bistrots ont besoin de musique, la musique a tout autant besoin des bistrots. Une raison de plus de protéger ces trésors de notre patrimoine !
> Pour en savoir plus sur la démarche d'Alain Fontaine
A noter
Depuis plusieurs années, la Sacem soutient également les bistrots qui organisent des concerts avec son dispositif Tous en Live, une aide pour valoriser l’engagement et la prise d’initiatives artistiques de nos clients (cafés, hôtels, restaurants, campings et bars d’ambiance) et encourager les créations musicales et leurs diffusions sur l’ensemble du territoire.
Le montant de l’aide est fixé à 250 € par concert dans un maximum de 3 demandes déposées par client et par an.
Découvrez en vidéo le témoignage du gérant du Café du Havre à Oudon (44521)
Publié le 10 décembre 2024