Depuis quarante ans, Bruno Dupont fait rayonner le Studio d’enregistrement du Bras d’Or, le plus grand espace d’enregistrement au nord de Paris, bien au-delà du Boulonnais. Le fondateur du lieu revient sur son histoire, marquée par des collaborations artistiques mais aussi par la diversification de son activité.
Un studio d’enregistrement de cent cinquante mètres carrés, une console de mixage de légende (une Neve de la fin des années 1970 !), un parc d’instruments à faire pleurer les collectionneurs... On ne parle pas des mythiques studios Ferber, à Paris, mais bien du Studio du Bras d’Or à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Fondé en 1984, il a vu passer une longue liste d’artistes prestigieux, de Marcel et son orchestre à Anne Ducros, de Nicolas Peyrac à Paul Personne.
Passionné et pragmatique, Bruno Dupont, son fondateur et studio manager, raconte comment il a misé sur la plasticité du lieu et l’adaptation à la demande régionale (formation, location…) pour pérenniser l’activité du studio, où la Sacem intervient pour sensibiliser les jeunes créateurs au droit d’auteur.
Comment le Studio du Bras d’Or a-t-il été créé ?
Batteur et graphiste de formation, j’ai commencé ma carrière dans une boîte de publicité. Au début des années 80, beaucoup de clients vendaient aux radios leurs jingles publicitaires enregistrés en studio. J’y ai vu une opportunité pour créer la société du Bras d’Or. Nous avons construit le studio dans le sous-sol d’un magasin d’instruments de musique situé rue du Bras d’Or.
À la fin de la décennie, ce magasin a déposé le bilan. Le studio a changé d’adresse mais j’ai gardé le nom. À l’époque, la demande pour les enregistrements d’instruments électriques et acoustiques reprenait ; ayant pressenti cette tendance, j’ai opté pour un grand volume. Si notre studio existe toujours aujourd’hui, c’est qu’il dispose d’une belle acoustique mais aussi d’une surface suffisante pour accueillir des musiciens jouant en live.
Quels types de projets musicaux avez-vous accueillis ?
Beaucoup de groupes français, quelques Britanniques… Je retiens plusieurs collaborations : depuis 1999, j’ai enregistré, partiellement ou entièrement, quatre ou cinq albums de Nicolas Peyrac et pas moins avec le groupe de rock festif Marcel et son orchestre, que j’ai connu alors qu’il n’était qu’un school band.
En quarante ans, j’ai vécu tellement de moments magiques, comme ces one takes (« premières prises ») où tout le monde se regarde et se dit : « c’est la bonne ». C’est pour ces instants magiques qu’on le fait. Pour autant, ce ne sont pas les artistes connus qui font vivre le studio aujourd’hui.
Qu’est-ce qui le rend viable ?
La diversification. Nous avons su répondre à une carence sur notre territoire. L’essentiel de notre activité provient du soutien au spectacle vivant via la location de matériel, la sonorisation mais aussi l’éclairage.
Nous gérons la direction technique d’événements dans l’audiovisuel ou musicaux (Festival de la Côte d’Opale, Rock en Stock, Jazz Opale Festival, etc.). Nous proposons également un volet formation aux métiers du son, de la lumière…
Je note par ailleurs une demande récente pour des prestations de captation live tournées en studio. Au final, l’enregistrement est devenu une activité parmi d’autres !
Publié le 09 décembre 2024