Après deux décennies à Aubagne, le Festival International Music & Cinema pose l’ancre dans la cité phocéenne pour sa 23e édition qui se déroulera du 4 au 9 avril. Une nouvelle dimension et de nouveaux enjeux, mais toujours le même cap : mettre à l’honneur la relation entre les cinéastes et les compositeurs.
« C’est une édition hyper importante cette année. On sort de notre zone de confort. On est ravi d’être à Marseille ! » A trois semaines de la 23e édition du Festival International Music & Cinema, l’enthousiasme de Gaëlle Rodeville, déléguée générale du festival est communicatif. Né à Aubagne, le Festival a décidé de faire ses valises après un changement de municipalité et la division par deux de ses subventions. Un divorce qui a finalement permis des secondes noces avec la cité phocéenne : « On a reçu un accueil exceptionnel. Il y a ici une politique culturelle en développement et on sent l’envie d’accompagner la manifestation », explique Gaëlle Rodeville.
« On est devenu une terre internationale des compositeurs de musique de film »
Alors que le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) recense 400 festivals de cinéma en France, le Festival International Music & Cinema a d’emblée voulu, il y vingt ans, creuser le lien entre musique et cinéma : « On a voulu s’orienter vers quelque chose d’original axée sur la relation de la musique à l’image. Et puis, pour se différencier des autres festivals, on s’est appuyé sur deux structures universitaires, le département SATIS de l’université d'Aix-Marseille et le Centre de formation des enseignants de la musique (CEFEDEM) ». Le festival a rapidement trouvé sa place : il est le seul, à l’échelle européenne, dédié à la composition musicale pour l’image et dont la programmation met au centre la relation réalisateur/compositeur. Seuls peuvent concourir les films qui ont une musique originale.
Le festival met ainsi à l’honneur, « le troisième auteur », souvent oublié, d’un film : le compositeur de musique. Régulièrement relégué en fin de budget, aussi bien pour les courts que les longs métrages, il est chez lui à ce Festival : « On est devenu une terre internationale des compositeurs de musique de film », explique Gaëlle Rodeville. Le Covid a bouleversé la 21e édition du festival mais l’invité d’honneur annoncé n’était autre que Howard Shore, le compositeur de la bande originale de la trilogie « Le Seigneur des Anneaux » multi-lauréat d’Oscars, de Golden Globes et de Grammy Awards. Chaque année, sur les 500 professionnels qui se déplacent au festival, 300 sont des compositeurs.
Développement de carrière, déclic, rencontres…
Très fortement soutenu par la Sacem, le Festival accompagne d’ailleurs les jeunes compositeurs de moins de 35 ans avec une masterclass de composition musicale pour l’image. Cette année, les huit résidents seront accompagnés pendant dix jours par la compositrice Marie-Jeanne Serero (Les Garçons et Guillaume, à table!, Anton Tchekhov – 1890), lauréate du Prix Musique de la SACD et du Prix France Musique – Sacem. « Nous sommes attentifs à la sélection : ce sont des compositeurs passionnés de cinéma et de musique qui ont envie de se spécialiser dans la composition de musique de film. On cherche à leur offrir un développement de carrière, un déclic… » Le fruit de leur travail est présenté lors d’un ciné-concert lors de la soirée de clôture du Festival.
Autre rendez-vous fort pour les compositeurs dans le cadre du festival : les rencontres du Marché Européen de la composition musicale « Dispositif 3e Personnage » qui visent à faciliter la rencontre d’un binôme réalisateur-producteur sans musique pour leur projet de film ou de série avec un compositeur. Une cinquantaine de projets sont ainsi à la recherche de leur compositeur cette année et, comme depuis dix ans, 80% trouveront leur compositeur à l’occasion du marché, selon Gaëlle Rodeville qui souligne que pour le film « Girl », Caméra d’or au Festival de Cannes en 2018, la rencontre réalisateur-producteur-compositeur s’était nouée au Festival.
Alors que le festival aura lieu en jauge pleine cette année, Gaëlle Rodeville insiste sur la dimension relationnelle du festival : « L’objectif est que les rencontres se fassent ». Pour ne pas perdre l’atout proximité qui était le point fort d’Aubagne, le Festival se tiendra dans l’hypercentre de Marseille au Cinéma Artplexe Canebière et tout sera à moins de cinq minutes à pied. « Le même ADN », résume Gaëlle Rodeville.
Alcyone Wemaere
Publié le 11 mars 2022