Premiers Plans à Angers, un festival pour les jeunes pousses du cinéma européen

Janvier 2023

La 35e édition du festival Premiers Plans se tient à Angers du 21 au 29 janvier. Axé sur le cinéma européen, il présente les premiers films de jeunes réalisateurs et propose des rétrospectives de grandes œuvres de ce cinéma. Après la crise Covid et l’explosion des plateformes de vidéo à la demande (VOD), l’enjeu pour ce rendez-vous est de ramener les spectateurs vers les salles obscures.

 

Quand elle est invitée au lancement de Premiers Plans, en 1989, Simone Veil évoque l’importance d’un cinéma européen face à l’omniprésence des films américains. Trois décennies plus tard, le festival tient sa 35e édition du 21 au 29 janvier à Angers. Il présente toujours les premières œuvres de jeunes cinéastes et propose des rétrospectives de grandes œuvres du cinéma européen. Cette année, une centaine de films sont présentés, notamment en présence de Sandrine Kiberlain, du réalisateur espagnol Rodrigo Sorogoyen, ou de Mia Hansen-Løve, qui préside le jury.

La compétition reprend des grandes catégories (longs métrages, courts métrages, films d’animation…) et donne à voir des travaux sortis des écoles de cinéma. « Ce qui nous différencie par rapport à d’autres festivals, c’est notre attachement aux premiers pas. À la fois pour les réalisateurs, les techniciens, ou les comédiens, mais aussi pour les scénaristes. On a aussi une compétition de scénarios pour les longs et les courts métrages », note Xavier Massé, son administrateur. La lecture de scénario est même devenue une spécialité du rendez-vous angevin.

Voir les films « en salle, sur grand écran et tous ensemble »

Se tenant au cinéma Les 400 coups, à l’auditorium, au Grand Théâtre comme dans toute la ville d’Angers, Premiers Plans accueille près de 65 000 spectateurs. Un hommage à Jeanne Moreau, qui était très attachée au festival, aura lieu. Après deux éditions marquées par la Covid-19, c’est un retour à une configuration plus normale dans un contexte difficile pour le cinéma en France. Il s’agit pour les organisateurs de rappeler que le cinéma est quelque chose qui se vit « en salle, sur grand écran, et tous ensemble ».

Ces dernières années ont été marquées par l’explosion des plateformes de vidéo à la demande (Netflix, Disney+, Prime Video…), qui a redéfini les contours de la filière cinéma. Comment Premiers Plans s’est-il adapté à cette concurrence ? « La question n’est pas de faire avec ou sans les plateformes. Mais plutôt de voir comment on peut cohabiter, répond Xavier Massé. Ce sont des pratiques différentes, elles peuvent être concurrentielles. Pour moi, les plateformes sont plutôt un critère d'émulation. Notre métier, c’est de passer des films en présence des auteurs, des techniciens, des comédiens sur grand écran et de travailler au "voir ensemble" ». Le festival a déjà imaginé des programmations conjointes avec LaCinetek, plateforme dédiée aux classiques.

Les compositeurs à l’honneur

Xavier Massé©Premiers Plans

Par ailleurs, Premiers Plans fait la part belle à tous les métiers du cinéma. Le travail de compositeur de musiques de films donne lieu à une master class sur le thème « musique et cinéma », où des compositeurs échangent avec de jeunes cinéastes. La compositrice Béatrice Thiriet et le compositeur Frédéric Alvarez interviendront dans cet atelier organisé en partenariat avec la Sacem. Il faut dire que le lien entre musique et cinéma est ancien à Angers : avant Premiers Plans, un autre événement dédié à la musique de films a accueilli les plus grands compositeurs du genre : le festival Cinéma et musique. La Sacem soutient aussi « Clips d’ici », un concours de clips réservés aux réalisateurs et aux musiciens du Nord-Ouest de la France.

Avec un budget d’1,4 millions d’euros, une équipe de 350 personnes le temps du festival – dont 250 bénévoles -, Premiers Plans rayonne sur tout le Grand Ouest. Le festival qui a accueilli les débuts d’Arnaud Desplechin, Abdellatif Kechiche, Fatih Akin, Danny Boyle ou Thomas Vinterberg veut concilier « éclectisme » et « exigence ». Il va toujours chercher des films qui vont de l’Islande jusqu’aux confins du Kazakhstan.

Bastien Brun

Publié le 25 janvier 2023