Actuellement privée de ses locaux pour cause de travaux, la salle de concerts de l’Ouvre-Boîte en profite pour repenser sa place dans la ville et bousculer les formats. Pour faire de ces nouvelles contraintes une force, l’équipe a décidé de faire tomber les murs.
Depuis cinquante ans, l’ASCA (Association Culturelle Argentine à Beauvais) fait vivre deux salles – un cinéma et une salle de concerts, baptisée l’Ouvre-Boîte. Aujourd’hui en chantier pour rénovation, le bâtiment est fermé, mais le projet, lui, rayonne sur tout le territoire. « Ce déménagement forcé, c’était l’occasion de se réinventer », explique son directeur Alex Monville. « Après un demi-siècle, on aurait pu se scléroser. On a préféré bousculer nos habitudes. »
Le résultat ? Une programmation éclatée, mobile, parfois solaire – au sens propre. La « Scène à Vélos », alimentée par 7 vélogénérateurs et 2 panneaux solaires, invite les spectateurs à participer à la production d’électricité en pédalant avant et pendant les spectacles. Des concerts en hyper-proximité, chez l’habitant ou dans des lieux non équipés, aux horaires adaptés à la vie quotidienne, permettent de toucher des publics différents.
Plutôt que de courir après les stars, l’équipe parie sur l’expérience : « On ne veut pas dépendre uniquement de la notoriété d’un artiste pour remplir. On veut proposer une expérience Ouvre-Boîte, pas juste des noms sur une affiche. » Programmation jeune public, ateliers, résidences et créations sur mesure structurent aussi l’activité. Précurseur, le Biberon Festival, destiné aux tout-petits, s'est transformé en rendez-vous ponctuels.
En mai dernier, l’Ouvre-Boîte a coconstruit avec la compagnie « L’Homme debout » un spectacle participatif pour les 800 ans de la cathédrale de Beauvais. Un an de préparation, 70 ateliers menés partout – de l’école au centre commercial – pour créer costumes, chants et scénographie. Jusqu’au final en apothéose, une grande parade en cœur de ville rassemblant plus de 7 000 spectateurs et acteurs.
« Une salle vit mieux si elle sort de ses murs. » Ce credo se traduit aussi par un soutien à la scène locale : résidences, mutualisation de moyens (vidéo, studio), accompagnement d’artistes via le nouveau dispositif Passerelles, cocréé avec Celebration Days, et un dialogue constant avec les cafés-concerts, les assos, les festivals ou… la recyclerie. Avec la Sacem, l’Ouvre-Boîte peut compter sur un soutien pour la diffusion et la création jeune public : « On apporte notre expertise, si l’on travaille avec un bar ou d’autres acteurs locaux, on s’assure que les artistes soient bien payés et les morceaux déclarés à la Sacem. »
Itinérant mais enraciné, c’est avec un projet plus décloisonné que jamais que l’Ouvre-Boîte prépare son retour dans ses murs en 2028.
Publié le 03 juillet 2025