Convivencia, un festival au fil du Canal du Midi

19 juin-13 juillet 2024

Le long du Canal du Midi, une péniche promène sa scène et l’on sort les transats et le pique-nique, en musique.

Créé en 1997 à Toulouse, le festival Convivencia célèbre le premier classement du Canal du Midi au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Le festival « le plus long et le plus lent du monde », selon sa directrice Cécile Héraudeau, est parti de Montech, dans le Tarn-et-Garonne (82), le 19 juin et atteindra Frontignan (34), en bord de Méditerranée, le 13 juillet. Convivencia vit au rythme d’une ancienne péniche céréalière de 30 mètres de long, s’arrimant au gré des régions et des communes traversées : 400 kilomètres parcourus en 3 semaines, à la vitesse moyenne de 5 km/h. Ponctué de 12 escales conçues pour présenter 13 soirées festives, le parcours de Convivencia marie les acteurs du coin et les artistes de partout.

Ce festival de territoire construit autour de musiciens du monde s’habille des initiatives locales préparées en amont afin d’accueillir l’embarcation dont le ponton devient scène. Exemple : au sud du Quercy, à Montech, en attendant le concert de la chanteuse et contrebassiste franco-colombienne Eda Diaz, le groupe de jazz toulousain amateur de western-spaghetti, Le Grand Silence, emmène le public vers la pente d’eau de Montech. En goguette, les curieux y découvrent un ouvrage du patrimoine industriel local qui permettait autrefois aux péniches et aux bateaux d’éviter cinq écluses. Le lendemain, la péniche et ses équipiers reprennent le cours du canal de l'Entre-deux-Mers.

Nous voici à Grisolles, vingt kilomètres par la route, pareil à vélo, trente-deux en bateau. La vedette du soir, Sian Pottok, a mêlé le kamele ngoni (harpe traditionnelle d’Afrique de l’Ouest) et les sonorités électroniques. Dans la journée, apéro, radio in situ, lectures… et restitution du travail mené dans le cadre du parcours intergénérationnel « Des histoires en musique ». En effet, de mars à juin, les résidents de l’EHPAD Sainte-Sophie de Grisolles ont travaillé avec l’école de musique intercommunale, sous la direction de la chanteuse, musicienne et poétesse Alima Hamel, pour partager, notamment, leurs souvenirs liés au canal qui ont ensuite été mis en musique.

Deux programmes Sacem (Festivals / In situ) soutiennent Convivencia. Municipalités et communautés de communes s’y associent, « avec beaucoup d’implication », selon la directrice, associant les établissements médico-sociaux, d’enseignements artistiques, MJC… Convivencia a intégré le réseau national Festivals en mouvement, attaché aux mobilités douces et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre liées au transport dans les festivals. Pour l’artistique, Convivencia travaille également en réseau, notamment avec le festival Villes des musiques du monde d’Aubervilliers, Arabesques de Montpellier ou la salle Le Rocher de Palmer de Cenon.

« Nous associons les acteurs locaux, y compris en matière de tourisme, balades, canoë, aviron, art culinaire… », poursuit Cécile Héraudeau, qui est également présidente du réseau des musiques du monde Zone Franche. « Bien sûr, il s’agit de montrer la diversité des artistes et des traditions, la richesse des styles, mais aussi d’élargir les chemins du vivre ensemble. Pour le concert de clôture à Frontignan, nous avons invité le groupe de hip hop palestinien DAM, qui vit en Israël. »
L’occasion de découvrir cinq œuvres murales (João Ribeiro, Mohammed Roshdi, Alexandra Carloni, Joel Rollinger, Manoel Quitrio) qui vont enluminer les bords de l’Etang de Thau.

Publié le 17 juillet 2024