La salle Le Rocher de Palmer fait de la rive droite bordelaise une destination culturelle

Citoyenne et engagée, la salle le Rocher de Palmer soutient depuis quatorze ans la création de toutes les musiques. Aux couleurs chaleureuses et à la programmation ambitieuse, Le Rocher de Palmer est une véritable pépinière d’artistes et acteurs de la musique venus du monde entier.

©Le Rocher de Palmer

Faire de la rive droite bordelaise une destination culturelle, le pari était risqué. En 2010, lorsque le Rocher de Palmer s’installe face à Bordeaux, à Cenon, il n’est pas commun de traverser la Garonne pour aller danser. Mais Patrick Duval, le directeur du lieu, s’en souvient : “les spectateurs sont tout de suite venus voir Danyèl Waro, Manu Dibango, Patti Smith, Metronomy et plein d’autres.” Cette programmation, ambitieuse et éclectique, n’explique pas à elle seule le succès de cette Scène de musiques actuelles (SMAC) aux couleurs chaleureuses.

Depuis son ouverture en 2010, le Rocher de Palmer, c’est trois salles de concerts mais aussi des espaces dédiés au travail artistique et à l’apprentissage. Un engagement citoyen porté par l’association Musiques de Nuit, implantée à Bordeaux depuis 1984. Objectif ? Être une véritable pépinière d’artistes et acteurs, actrices de la filière musicale venus du monde entier – et parfois même de plus près. Sur la vingtaine d’artistes accueillis en résidence, plusieurs viennent du bassin bordelais comme Kolinga ou Las Hermanas Caronni.

Un espace pour (s’)oublier

Une vie foisonnante en bord de fleuve marquée par l’épisode douloureux des confinements et de ses conséquences les mois suivants : “en 2022, nous avons dû faire face à 25% de report”, rappelle le directeur – faute à l’embouteillage, aussi, des tournées annulées.
Privée de son public, le Rocher n’a pourtant rien lâché : pendant toute cette crise, la salle a mené une politique intense de résidence d’artistes dans tous ses espaces. Aujourd’hui la salle cartonne de nouveau. 60 000 spectateurs s’y sont pressés en 2023 et “en ce début d’année 2024, la fréquentation dépasse celle – excellente – de 2019, souligne Patrick Duval, et sur toutes les esthétiques.” Le concert de la star de la musique flamenco affiche complet, comme celui de  Sarah McCoy, musicienne américaine de blues et de jazz.

Une preuve de plus qu’outre le besoin viscéral de vivre la musique, les spectateurs et spectatrices ont plus que tout besoin des concerts pour s’abandonner un peu : « l’actualité anxiogène - notamment liée à la guerre en Ukraine et au conflit au Moyen-Orient - donne aux gens l’envie de sortir, de respirer et surtout se retrouver, constate Patrick Duval. Les artistes eux-mêmes ont besoin de rencontrer le public, de lui parler. » Aussi pour continuer à grandir. Le Rocher de Palmer est souvent l’une des premières grandes scènes que certains artistes foulent avant les plus grosses encore : “nous avons accueilli Lomepal au Club, puis dans la grande salle. Juliette Armanet, elle, a d’abord joué chez nous avant d’être programmée à l’Arkéa Arena de Bordeaux !” rappelle le directeur. Autant de succès qui donne envie à la salle de grandir elle aussi, toujours plus, avec l’aide de la Sacem comme des collectivités locales ou de la Métropole de Bordeaux”, rappelle Patrick Duval.  

Pour assurer son rôle de passeur, la SMAC de Cenon a aussi créé La Cabane du Monde, un centre de ressources sur les musiques du monde. Le journaliste Patrick Labesse y propose notamment des « Siestes Musicales » en proposant des clés de compréhension autour d’un ou une artiste, d’une musique ou d’un instrument.  Une transmission thématique proposée aussi aux scolaires, invités à rencontrer des artistes après leurs balances. Comme les spectateurs, ils devraient être heureux, Le Rocher de Palmer a une programmation bien chargée ces prochains mois : Arthur H, Lindigo, Bonga, Lina... la salle accueillera aussi le cinquantième anniversaire de la Révolution des Œillets. De quoi donner envie de traverser la Gironde.

Le Rocher de Palmer bénéficie du soutien de la Sacem.

Publié le 13 mars 2024