La Station – Gare des Mines a ouvert un nouvel espace de diffusion et de création porte d’Aubervilliers à Paris. L’occasion de faire le tour de ce tiers-lieu singulier, dédié à la musique et aux explorations sonores, mais aussi un lieu de fête et de solidarité.
Depuis 2016, le collectif Mu ambiance la porte d’Aubervilliers à la Station – Gare des Mines. Avec l’ouverture de Station Nord, la Station s’agrandit et prend une nouvelle dimension. Petit à petit, le collectif Mu, à l’origine du projet dessine les contours d’un lieu vivant, divers, à l’image de son univers sonore.
Un tiers-lieu singulier
Tout a commencé dans une petite salle. Une fois par mois, le collectif Mu programme des événements dans une salle attenante à ses bureaux qu’il baptise le Garage Mu. « Ça préfigurait déjà la Station » explique David Georges-François, l’un des fondateurs du collectif. « Ça cristallisait toutes les pratiques qu’on développe aujourd’hui à la Station, ateliers, diffusion, création… » poursuit-il.
© Titouan Massé
En 2016, le collectif investit la friche de la porte d’Aubervilliers, d’abord uniquement sur les extérieurs. La station est ouverte de mai à octobre et les deux scènes extérieures accueillent concerts et festivals cinq soirs par semaine. « L’idée du collectif, c’était de rendre visible et audible une scène plus émergente, plus à la marge, qui avait l’habitude de jouer dans des petits lieux. » raconte David Georges-François. Les deux scènes, élaborées avec l’Atelier Craft, ont une acoustique ample et le lieu peut accueillir 1 000 personnes. C’est la première pierre du projet de Station.
Deux ans plus tard, le collectif investit les espaces intérieurs de la friche. Un ancien club afro-caribéen « un peu clandestin, un lieu un peu interlope dont on a gardé quelques éléments », s’amuse le fondateur du collectif, est donc transformé pour accueillir une salle de 300 personnes et une de 100. La Station – Gare des Mines peut ouvrir en continu, hiver comme été.
En plus de ces espaces festifs, le collectif travaille aussi en partenariat avec des associations. La Station accueille un centre de jour pour jeunes exilés. L’Aire de Repos, propose des ateliers de création aux jeunes. « Nous voulions vraiment inscrire l’accueil des jeunes dans les activités de la station, qu’ils profitent de cet écosystème, artistique, mais pas que d’ailleurs » détaille David Georges-François. « Nous voulions un lieu très ouvert sur l’extérieur » ajoute-t-il.
À tout cela, s’ajoute des espaces de création et des résidences artistiques, comme le chantier permanent, où des artistes contemporains sont invités à travailler sur le lieu.
Station Nord, dernier né
Lorsqu’ils apprennent que le bâtiment d’en face, un ancien magasin Raboni, sera cédé, dans le cadre de la transformation du quartier, les membres du collectif se positionnent pour en assurer la gestion. C’est la naissance du projet de Station Nord, le lieu historique étant rebaptisé « Station Sud ».
Toujours en collaboration avec l’Atelier Craft, le collectif Mu investit ces 5 000 mètres carrés, intérieur et extérieur et, après un gros travail de traitement acoustique, crée une salle dont la jauge – 750 personnes – est similaire à celle de la Gaîté Lyrique.
Des espaces de résidence et de création, un espace dédié à la sérigraphie, au textile, une revue, une radio, un restaurant… À Station Nord, les projets ne manquent pas. Dans ce grand bâtiment, le collectif Mu en profite aussi pour « élargir la programmation à d’autres formes artistiques, des formes plus installées comme des projections par exemple » ajoute David Georges-François.
Explorations artistiques
Avec l’ouverture de Station Nord, le foisonnement artistique et expérimental qui caractérisait la Station – Gare des Mines prend une nouvelle dimension. « Ça correspond à notre goût pour l’exploration des marges, il y a toujours cette idée de persévérer dans la dimension expérimentale » abonde David Georges-François. Le collectif y reprend donc de plus belle ses explorations sonores et profite de ce nouveau lieu pour développer « Sound Delta », un parcours d’art sonore au casque qui permet d’écouter une œuvre qui évolue en fonction de ses déplacements.
La Station accueille des festivals, des concerts, mais aussi des performances, à l’image du spectacle Ruine, d’Erwann Ha Kyoon Larcher. Avec une forte identité club, le lieu accueillera aussi désormais régulièrement des événements qui allient club et spectacles, comme le spectacle Crowd de Gisèle Vienne, créé en septembre dernier qui s’est accompagné d’une programmation club conçue par l’artiste à la fin.
Le collectif Mu produit aussi en propre trois grands rendez-vous. Le festival Garage Mu, héritier de la petite salle des débuts, dont la programmation est axée sur le rock expérimental, aura lieu du 8 au 10 juillet prochains, mais aussi le festival Station Électro, à la fin de l’été et Magnétique Nord, en hiver. Trois festivals qui « illustrent assez bien notre univers musical » sourit David Georges-François.
Philippine DONNELLY
Publié le 20 mai 2022