Le Noumatrouff de Mulhouse : défendre la musique "à tous les étages"

Véritable institution de la vie culturelle mulhousienne, le « Nouma » entame 2024 avec un programme riche en concerts et actions culturelles. Olivier Dieterlen, directeur depuis vingt ans, revient sur la folle aventure de ce lieu qui se bat pour les musiques actuelles.

Ce sont trois petites syllabes qui claquent à l’oreille et forcent un sourire au coin des lèvres. Noumatrouff : le moins que l’on puisse dire, c’est que le nom de la salle de spectacle mulhousienne, reste en tête. « C’est une expression alsacienne qui a été francisée », explique Olivier Dieterlen, son directeur, un clin d’œil choisi il y a trente ans qui veut dire ‘ vas-y, fonce’. L’équivalent anglais pourrait être le ‘Get up !’ de James Brown », se marre l’Alsacien, à la tête de la structure depuis vingt ans.

Au départ, Olivier Dieterlen, lui-même musicien, a été bénévole dans l’équipe du Noumatrouff. « C’est un peu un rêve d’ado qui s’est concrétisé. J’ai fait des concerts en tant que musicien, ensuite j’ai été technicien pour le son, puis chargé de production. J’étais donc déjà dans le métier au moment où le Nouma émergeait », se souvient-il. Une histoire née d’abord avec la Fédération de la Maison Rock et la Fondation Hiéro au début des années 90. Deux ans plus tard, c’est dans l’usine désaffectée du quartier Mertzau que les premiers concerts ont résonnés. « La gestion est toujours associative aujourd’hui », précise Olivier Dieterlen, qui travaille au sein d’une équipe de six personnes. Deux salles de 600 et 300 places composent la structure dont le maître-mot est « ouverture d’esprit ».

En 1998, le Noumatrouff est labellisé Scène des musiques actuelles (SMAC, « première salle du Grand Est à avoir obtenu ce label », aime rappeler Olivier Dieterlen. « Cela nous a permis d’avoir une visibilité au niveau de la Ville et de l’État. On était en avance à l’époque et des municipalités venaient nous voir pour comprendre comment on faisait tourner la structure », raconte-t-il.

VINGT ANS DE COMBAT POUR LES MUSIQUES ACTUELLES

En 2022, le Noumatrouff souffle sa trentième bougie. « Je me bats depuis vingt ans pour les musiques actuelles, pour permettre que ce lieu vive à la façon d’un service public et faire reconnaître que ces pratiques culturelles sont importantes. La musique est l’une des premières pratiques culturelles des Français : on défend la musique à tous les étages au Nouma ! », rappelle Olivier Dieterlen.

Clara Luciani ©Sebastien North

Articulé autour de trois grands axes (organisation d’événements, accompagnement d’artistes, médiation culturelle), le projet du Nouma prend forme notamment dans la mise à disposition de studios pour les artistes locaux et les soutiens à la résidence. Près d’une trentaine de groupes en bénéficie chaque année. Et comme toujours, le Nouma peut compter sur le soutien de la Sacem. L’année 2024 s’annonce ambitieuse avec l’espoir d’ouvrir deux postes, notamment pour développer la médiation culturelle et le projet de réhabilitation de la structure.

Publié le 13 mars 2024