Miossec, itinéraire d'une figure bretonne

Janvier 2024

Cela ressemblait presque à une gageure de faire parler ce chanteur taiseux. Avec le livre d’entretiens Miossec Boire et Simplifier, la grande boucle, l’auteur Grégoire Laville trace le portrait impressionniste d’un Christophe Miossec aussi touchant dans ses paroles que dans sa timidité. Un brestois venu à la chanson sur le tard et qui a « brûlé ses vaisseaux » sur les scènes françaises.

 

Que représente Miossec dans le paysage musical français ?

On peut probablement différencier les époques. Je pense que dans les années 90, avec Dominique A, ils créent quelque chose. On a parlé de nouvelle scène française, il y avait probablement de cela. En tout cas, cela rompait avec ce qu'on entendait jusque-là et une façon d’oser tout dire ! D'un point de vue purement poétique et littéraire, Miossec avait ce côté physique qu’il injectait dans les textes. On parle d’une chanson-rock, mais il est vraiment dans la filiation de la chanson française. Il a influencé Vincent Delerm, Cali, et plein d’autres. Même des rappeurs disent qu’ils ont été influencés par Miossec. Je pense notamment à Georgio.

De Boire (1995) à Simplifier (2023), Miossec a publié douze albums. Mais dans votre livre, vous vous centrez beaucoup sur Boire. Pourquoi se concentrer sur ce premier album ?

Il y a d’autres disques qui sont très bons comme 1964 ou l’Étreinte. Mais s'il y en a un de décisif, c'est Boire. En plus, ça tombait bien, c'était les 25 ans du disque, il le rejouait sur scène. Il était dans un état d'esprit un peu particulier : comme il me le disait, il connaît le type qui a chanté cela. Je crois qu’on retrouve tout Miossec dans Boire, et on le retrouve aussi dans Simplifier... C’est au fil de nos conversations qu’on s’est dit qu'il y avait des passerelles et que ce serait bien de relier les deux.

On a l'impression qu'au début de la carrière de Miossec, Brest et la Bretagne ne sont qu’un décor. En quoi Miossec est-il un chanteur breton ?

Pas tant que ça ! Recouvrance est la première chanson qu’il ait écrite pour Boire. Avec cette chanson, on est déjà dans le bain. Le pont, le quartier de Recouvrance où il pensait qu’on pouvait toujours trouver à boire, comment le quartier se transforme dans les années 90… Dans Boire, même le rythme est issu de la musique bretonne. Il y a cette guitare carillonnante dans Non Non Non Non, qui a quelque chose de bretonnant. Il m’explique aussi comment la musique bretonne agit de façon souterraine pour les bretons, même quand on n’est pas pratiquant. Il est vraiment à cheval entre sa mère, qui parlait breton, et son père, pur Brestois, qui ne le parlait pas.

EN SAVOIR PLUS :

Consultez les archives liées à Miossiec sur le site du Musée de la Sacem

Publié le 19 janvier 2024