Bintily Diallo mêle ses deux passions : musique et journalisme

La chroniqueuse culture publie un quatrième EP percutant aux chansons addictives.

©Julien BDC

Journaliste à Télématin sur France Télévisions et sur la radio Mouv, la jeune femme de 32 ans ne vit que pour la musique. « Il n’y a que la musique qui me tient debout ! C’est toujours ma note d’espoir ! » confie-t-elle, dans le très poignant piano-voix ‘Me relever’.

« J’écoutais à fond le groupe de métal Evanescence quand je faisais ma crise d’adolescence. Encore aujourd’hui, quand j’affronte des moments difficiles, la musique me sauve ! » explique Bintily Diallo.

Plus que jamais, elle s’accroche à son rêve. Née d’une mère normande et d’un père malien, elle est la petite dernière d’une famille nombreuse. « Un peu comme Céline Dion » sourit-elle. Combien de frères et sœurs ? Elle esquisse la question dans un éclat de rire : « Je ne donne jamais le chiffre. Juste une fourchette. C’est plus de quatre. Et moins de vingt… ».

Elle préfère raconter qu’elle a grandi en face d’une école de musique à Tours dans l’Indre-et-Loire, un signe du destin, peut-être ?
Diplômée de l’IUT de journalisme de la ville, elle a enchaîné les stages et les contrats dans les stations locales de Radio France mais aussi à France Culture, France Inter, le Mouv, BFM, LCI. Ces deux années sur LCI l’ont énormément nourrie.
Elle y a notamment fait la rencontre de Clara Luciani, lors d’une soirée organisée par Deezer. « J’écoutais déjà son album en boucle. Et là, je l’ai redécouverte, jouer simplement à la guitare. J’ai eu un déclic. J’ai compris que je pouvais faire des bases guitare-voix et ensuite les donner à des gens qui les subliment ».

Elle fait alors une pause de deux ans et publie trois EP. Après l’acoustique ‘Mise à nu’ en 2019, le pop ‘En mode blasée’ en 2020 et le plus urbain ‘Radicale’ en 2021, Bintily s’affirme avec ‘Muse’ et ses cinq titres dans la lignée du précédent.

Comme à chaque fois, les chansons ont d’abord été créées en guitare-voix avant d’être habillées par des beatmakers inspirés.
L’EP s’ouvre avec la chanson ‘Ce que je veux’ portée par une guitare électrique. « Ce texte je l’ai écrit après deux mois et demi de confinement, passés toute seule à Paris dans mon 25 m². Je suis revenue en Touraine revoir des amis que je n’avais pas vus depuis des années. Et là, je débarque dans leur vie : grandes maisons, enfants, voitures. Je me pose cette question : est-ce moi qui ai raté ma vie ? ».

‘Tous des moutons’ soulève la question du harcèlement moral au travail tandis que ‘Ta muse’ remet en cause ce rôle parfois donné aux femmes depuis des décennies. « Ça n’a pas beaucoup évolué » constate l’artiste : « Quand l’arc de triomphe a été recouvert de 25 000 m2 de toile, à la façon d'un paquet cadeau, il s’agissait d’une œuvre posthume de Christo et sa femme Jeanne-Claude. Mais seul le nom de Christo a résonné dans les médias ». Bintily le reconnaît volontiers, elle écrit souvent « à partir d’une colère ! ».
Ainsi son titre ‘T’es vénère ?’ est assurément la chanson d’une féministe accablée : « On nous dit que le crop top c’est mal, pour les adolescentes, car ça perturbe les garçons au collège, au lycée. À l’autre bout du monde, on coupe les cheveux des femmes musulmanes, chinoises, Ouïghours. Trop court, trop long. Partout, on dicte encore aux femmes leur façon de s’habiller » s’emporte-t-elle, dans un rire car elle reconnait que le texte reste léger.
Et c’est ce qu’elle souhaite aussi parfois. Elle aimerait même que, certaines de ses chansons fassent l’objet de challenge Tik Tok : « Aujourd’hui, les chansons percent avec Tik Tok. J’aime quand les gens s’identifient à des chansons réalistes et accessibles qu’ils reprennent à leur compte ».

Autre rêve, la sortie d’un album, enregistré avec de vrais musiciens et de vrais instruments. Sur LCI, à la fin de ses chroniques, elle chantait avec ses invités. « Un jour j’ai interprété ‘White Flag’ avec Dido. Elle m’a dit que fais-tu là à m’interviewer ? Tu es une artiste ! ». Compliment qui lui est allé droit au cœur. Dido a vu juste !

Christian Panvert

Publié le 26 janvier 2022