Oasis Bizz Art, des roulottes et de la résistance dans le Vercors

4-6 juillet 2024

Le premier week-end de juillet, Dieulefit (26) se transforme en oasis créative, mêlant musique, cirque, poésie, ateliers et scènes ambulantes déployées dans l’écrin écologique de la Drôme provençale.

 

Oasis Bizz'Art, ce sont trois jours de concerts, de vivre-ensemble, d’ateliers et de poésie. Nomade par essence, Bizz Art se pose en début d’été à Dieulefit, dans le sud du Vercors, pour une étape salutaire dans un travail au long cours. Oasis Bizz Art propose quatorze spectacles ou plutôt « seize voyages » participatifs ancrés à Dieulefit et aux environs. À ce titre, le festival est soutenu de longue date par la Sacem.
Ici, l’amateur-promeneur est invité à être acteur de son destin, d’oublier les feux de la rampe, les gros équipements, les hot-dogs, les pelouses piétinées.
Festival de territoire attaché à son environnement, l’association La Bizz’ Art Nomade a d’abord investi « le patrimoine - une ancienne usine de poterie, une filature de soie, un village abandonné, un château », transformés en lieux de concerts, d’expositions, de performances.
Puis, explique Antoine Cuche, directeur artistique du festival, « nous avons fabriqué des scènes-roulottes, mobiles, tirées par des chevaux », « des kits autonomes, très écologiques, qui évoluent en pleine campagne » sur tous les chemins qui sillonnent la Drôme provençale, apologie de la flânerie créative.

Bizz Art est né il y a trente ans à Dieulefit. Paradis des potiers, labellisé « station verte », le gros bourg fut aussi lors de la Seconde Guerre mondiale un épicentre de l’action des « Justes » qui sauvèrent de nombreux Juifs et résistants. Il n’est donc pas anormal d’y trouver un festival qui « dédie l’art et la culture à la conscience ». Dans cette optique, l’édition 2024 a poursuivi sa quête de diversité, du hip-hop des Mamans du Congo au chant diphonique des Mongoles Khusugtun, de l’ethno trip-hop des Nantais d’Orange Blossom à Arthur H, du spectacle équestre de Lucie Vautier au one-man show d’Ahmed Tobasi, directeur du Freedom Theater du camp de réfugiés de Jénine au nord de la Cisjordanie.

La Bizz’Art et ses artistes associés animent des ateliers localement, en EHPAD par exemple. Au printemps, se tient un concert de restitution des actions de médiation menées en cours d’année dans une dizaine d’écoles, initiatives soutenues par la Sacem dans le cadre du programme Fabrique à chanson. La Bizz Art mutualise son parc, prêtant éclairage, toilettes sèches, roulottes-scènes, à des associations partenaires.

Parfois, les festivaliers de l’Oasis du soir (1000 à 1500 spectateurs par soirée à Dieulefit), les amateurs de stages et ateliers (déco, chant, guitare…) sont mis à contribution hors saison. « Nous avons par exemple organisé des actions, telle une vente aux enchères pour fournir à des musiciens kurdes ou Palestiniens du matériel pour leurs écoles afin de leur permettre de rester chez eux et d’éviter l’épreuve de la migration. »

Manger local et respecter les circuits courts n’empêche pas de regarder le monde. Oasis Bizz'Art a proposé, en 2024, un projet transfrontalier (Mauritanie, Maroc, Liban, Palestine, France) intitulé Résis-transe, avec la voix de la chanteuse Salwa Jaradat, Palestinienne de Beyrouth. Ce parcours méditerranéen est issu des résidences ConverSons, portées en France par l’association Nuits Métis. De tout cela, on en a parlé sur RadioLà, radio éphémère à la devise ancrée dans l’ADN Bizz Art : « La Web Radio mondiale hyper locale d’intérêt général ».

Publié le 17 juillet 2024