Zaho de Sagazan : "Je fais partie d'une génération d'artistes qui a besoin de liberté"

Depuis deux ans, Zaho de Sagazan n’arrête pas. La jeune autrice-compositrice sera en concert à l’Olympia à Paris en novembre prochain, et au Zénith en mars 2024. À cette occasion, elle revient sur son parcours et sa vision pour l’avenir.

©Emma Picq

COMMENT EST NÉE VOTRE PASSION POUR LA MUSIQUE ?

J’avais 13 ans quand je me suis mise au piano et j’ai tout de suite su que ça serait quelque chose de très important dans ma vie. Mais l’envie d’en faire mon métier est venue plus tard, quand j’étais en terminale. À ce moment-là, c’était devenu une obsession, je ne faisais que ça et je me suis dit que si je voulais être heureuse dans ma vie, il fallait que j’en fasse mon métier.

2022, PUIS 2023 ONT MARQUÉ VOTRE ÉCLOSION. POUVEZ-VOUS RETRACER LE CHEMIN QUI AMÈNE À LA PROFESSIONNALISATION ?

Pendant mes études, avec Tom Geffray, qui reste mon complice sur scène, nous avons fait partie de Fyrs avec Tristan Gouret. Ce sont les premiers pas sur scène. En parallèle, je faisais aussi des concerts dans les bars pour mon projet musical personnel. À la même époque, j’ai retrouvé Lucie Guilloux, une amie de lycée qui est devenue ma manageuse et avec laquelle on a monté notre label, Disparate.

Je postais aussi des vidéos sur Instagram et j’avais une communauté qui grandissait. Grâce à tout ça, j’ai rencontré l’une des personnes les plus importantes de ma carrière, Pierre Guillaume, qui m’a ouvert les portes du studio. Pour la première fois, j’enregistrais en studio. À partir de là, c’est le début de trois ans et demi de création pure. J’y passais tout mon temps, je suis perfectionniste, tant que je ne sors pas quelque chose dont je suis fière, j’estime que ça ne vaut pas la peine. En mars 2021, j’ai aussi rencontré mon tourneur Wart, et fait mon premier concert au Trianon, quelques mois plus tard.

QUE RETENEZ-VOUS DE CES ANNÉES ?

La scène et les réseaux sociaux ont eu une place fondamentale dans mon parcours. Insta, s’est révélé être mon CV. C’est la vitrine qui m’a permis de signer avec mon éditeur Warner Chappell et de vivre enfin de ma musique. C’est un espace d’expérimentation aussi, j’avais fait la symphonie des étoiles sur Insta et je l’avais mise de côté. Ce sont mes fans qui m’ont poussée pour la reprendre et la terminer. Au final, c’est le titre de mon album et une chanson qui compte beaucoup pour moi.

La scène aussi a été très structurante. Je n’aurais sans doute pas fait un album aussi électro si je n’avais pas fait autant de live. Progressivement, je me suis rendue compte que j’avais envie de faire danser les gens !

AVEC LE RECUL, COMMENT JUGEZ-VOUS LES DISPOSITIFS DÉDIÉS AUX ARTISTES ÉMERGENTS ?

Pour moi, ce ne sont que des supers expériences et je conseillerais à tous les artistes d’en faire le plus possible. J’ai adoré participer au Chantier des Francos où j’ai fait des rencontres fondamentales, sur le plan professionnel, mais aussi personnel, j’y ai trouvé des copains qui me sont devenus très chers. La création des Transmusicales a aussi été un moment très important. Une vraie vitrine médiatique. Ça met une pression immense, mais ce sont des grands tremplins, sur plan artistique comme médiatique. Ça apporte énormément quand on est un jeune artiste.

QUEL REGARD PORTEZ-VOUS SUR LES MUSIQUES ACTUELLES AUJOURD’HUI ?

Il me semble que quelque chose se passe, qui vient notamment du rap : c’est un besoin grandissant d’indépendance de la part des artistes.

La nouvelle génération, à laquelle j’appartiens, a besoin de remettre en doute ce qui avait cours avant dans le secteur et de liberté totale. Cela tient peut-être au fait que les artistes sont de plus en plus complets. En tout cas, j’ai le sentiment que cette génération a envie de réinventer l’industrie, de choisir avec qui elle travaille et de bénéficier d’une réelle liberté de création. De plus en plus créent leurs propres labels, par exemple.

Le numérique a bouleversé les choses. Entre les réseaux sociaux, la multiplicité des solutions d’autoproduction, plein d’outils sont désormais à la disposition des artistes. Ça ouvre les portes à beaucoup plus de monde pour faire de la musique. Ça amène plus d’inventivité aussi.

Les institutions comme la Sacem l’ont compris, de nombreuses aides existent, à l’autoproduction par exemple. Elles mettent en place les moyens pour parvenir à aider les jeunes artistes à se réinventer. Sans se perdre dans ce foisonnement, et dans les exigences des réseaux sociaux, il va falloir s’adapter à cette nouvelle ère. Quand on fait les choses bien et sincèrement, le public est toujours là. C’est une période très excitante de ce point de vue-là.

Découvrez l'article publié en avril 2023 - #LA SACEM SOUTIENT - L'ARTISTE DU MOIS : ZAHO DE SAGAZAN

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Publié le 25 septembre 2023